Un jour d’avril 2011 sur une Terre en colère contre la folie des hommes

Le monde devient fou et que font les hommes ? A la voracité des uns répondent les replis identitaires des autres. Une lectrice guadeloupéenne nous a adressé un texte que nous avons le plaisir de diffuser. Elle parle de la Terre, de la guerre, de catastrophe et d’espoir. Une sorte de colère tranquille. Ah ! Cette nuit, j’ai bien dormi.

Avant de quitter mon lit, j’ai adressé un message par la pensée aux Japonais et au monde entier. Je ne peux nier toutes les guerres dans le monde, il y en a 46 parait-il. Je ne peux oublier les Libyens, les Syriens, les Egyptiens, les Algériens, les Ivoiriens, les Yéménites et tous les autres. Savez-vous comment vivent les enfants de Kinshasa? Tiens ! Allez voir le film « Benda Bilili » et vous aurez une idée.

Je n’oublie pas que de plus en plus de Guadeloupéens, mes frères les plus proches, déambulent dans les rues de Pointe-à -Pitre, quémandant par-ci, par-là , quelques grains pour subsister . Pardon, quelques pièces pour déjeuner.

Alors, vous disais-je, ce matin, j’ai envoyé une boule d’amour, plus particulièrement à  ces hommes qui sacrifient leur vie pour tenter de stopper ce déferlement d’ondes nucléaires meurtrières sur leur région, au Japon.

Ces hommes qui, au détriment de leur propre vie, à  l’insu quelquefois de leurs proches, ont fait ce terrible choix. Ils savent qu’il ne leur reste que quelques semaines à  vivre sur la Terre.

Elle nous a dit: « an péké poté kou a zot » (1)

Cette Terre a décidé, le 11 mars 2011, de se secouer, de se débarrasser de ce qui la blessait, de vomir les déchets purulents que les hommes avaient sciemment introduits en son sein. Elle n’en pouvait plus. Elle a commencé par Sendaï.

La Terre est intelligente. Elle a choisi de produire cette catastrophe dans cette région, non pas seulement parce qu’elle bouge constamment, mais aussi pour montrer au reste du monde que malgré toutes les prévisions, en dépit d’une organisation draconienne, elle aura toujours le dernier mot.

Pourtant, je crois qu’elle nous aime la Terre. Elle nous remet juste ce que nous lui donnons.

Mais, disais-je, c’était sans compter la force et l’organisation des hommes qui avaient tout prévu, ou presque, contre sa colère, contre ses crises, puisqu’elle a la vilaine manie de trembler dans cette région du monde.

Alors, cette fois-ci, voyant la capacité des hommes à  s’organiser pour danser quand elle tremble, sachant leur courage et leur sang froid face à  sa colère, elle a décidé d’aller plus loin.

Elle a hurlé, elle a grondé plus fort que le tonnerre, elle s’est automutilée en se fissurant, elle a ouvert son ventre pour cracher sa rage, et puis, elle a fait déferler cette vague de 10m sur la Terre pour la laver.

Elle a déchaîné en même temps les 4 éléments qui nous font vivre et qui se trouvent dans notre propre corps : la terre, l’eau, le feu et l’air.

Les femmes, les enfants, les hommes qui étaient présents ont subi son courroux.

Ceux qui ont survécu n’oublieront jamais ce coup de tête.

Je me demande ce qu’en retiennent les hommes politiques aujourd’hui. Là  est pour moi, tout l’intérêt de cet écrit.

Je crois que la Terre continuera à  se fâcher tant que les hommes lui feront du mal.

Elle nous dit :  » an péké poté kou a zot !  »

Un grand humaniste du 13e siècle, Nichiren Daishonin a écrit : « Si le cÅ“ur des hommes est impur, leur terre est impure, mais si leur coeur est pur, leur terre l »est également. Ainsi, il n’y a pas deux sortes de Terre, pure et impure en elle-mêmes. Il n’y a que la pureté ou l’impureté de notre coeur ».

Moi, j’y crois.

Bonne journée sur la Terre

(1) Traduit du créole: » je ne pourrai plus porter vos coups »

Auteur/autrice : perspektives

Didier Levreau, créateur en 2010 du site Perspektives, 10 ans d'existence à ce jour