Pour quelques bananes de plus …

Le concours de plaidoiries organisé en janvier dernier par le Mémorial de Caen a été remporté dans la catégorie élèves avocats par Tamaris Fürstenheim, une jeune femme, qui avait choisi pour thème le chlordécone et les victimes de ce pesticide cancérigéne répandu en Martinique et en Guadeloupe durant des années.
Sa plaidoirie prend la défense des hommes et des femmes, ouvriers de l’industrie bananière qui durant des jours, des mois et des années ont manipulé ce produit sans masques, ni gants et sans information sur sa dangerosité.
 » Leurs droits n’ont pas été respectés, dit la jeune femme en substance, « et pour comprendre ce qu’est une plantation il faut remonter jusqu’à l’esclavage »
En ajoutant:  » l’histoire n’est pas faite pour s’y noyer, mais pour en faire bon usage. » Elle conclut qu’il serait inéquitable de faire porter seul à l’Etat la responsabilité de cette catastrophe sanitaire; assénant pour finir que » la mauvaise nouvelle pour les planteurs, est que le temps des colonies est passé ».
Elle avait auparavant souligné qu’aux USA où le chlordécone a été interdit dès la fin des années 1970 – et non pas dans les années 1990 comme en Guadeloupe et Martinique – l’Etat américain avait contraint les patrons de l’usine qui le produisaient à indemniser les ouvriers rendus malades.
Elle l’a dit haut et fort: l’Etat a été complaisant, il a cédé aux pressions, aux lobbies mais dans l’ordre des responsabilités il faut aussi aller chercher du côté de ceux qui ont fabriqué le chlordécone, l’ont transporté, l’ont introduit en Martinique et Guadeloupe, l’ont vendu, tant que ce travail ne sera pas fait l’affaire du chlordécone ne sera pas tranchée.
En affirmant que  » les rapports de forces dans la plantation n’ont pas changé depuis le temps colonial » cette jeune élève avocate est devenue pour reprendre une phrase d’Aimé Césaire « la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche ».
Il faut noter encore qu’à la présidence du jury qui a récompensé cette future avocate siégeait Renaud Van ruymbecke, un juge d’instruction qui de l’affaire Cahuzac à celle de Clearstream 2 a vu passer sur son bureau nombre de dossiers édifiants sur les zones d’ombre de la société dans laquelle nous vivons.
L’écho de cette plaidoirie arrivera-t-il jusqu’en Guadeloupe où les silences et les dénis paralysent l’expression d’une véritable opinion publique et favorisent les compromissions économico-politiques.
La plaidoirie de Tamaris Fürstenheim fait écho à celle d’une autre avocate, guadeloupéenne cette fois, Maryse Coppet, spécialiste du droit européen, étonnée par une demande de dérogation exprimée à Bruxelles pour que les régions d’outre mer soient autorisées à emettre plus de gaz à effet de serre qu’ailleurs dans le monde et notamment en Europe. Pourquoi, comment ? Lire ci-dessous un résumé des explications de l’avocate.
Ces deux interventions sont-elles le signe que des langues se délient enfin ?

2 réflexions sur « Pour quelques bananes de plus … »

  1. Il faut être attentif à tout ce que la loi veut nous imposer, continuons à être véyatif car il ne nous sera pas fait de cadeaux mais des cadeaux empoisonnés oui. Merci pour ceux qui nous défendent.

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