Coup de colère d’Alain Plaisir après le passage du Premier ministre en Guadeloupe

« ARRETEZ DE NOUS MEPRISER ! » C’est par ces mots que le président du CIPPA ( comité d’initiative pour un projet politique alternatif en Guadeloupe ) Alain Plaisir, amorce le texte qu’il fait circuler sur les réseaux sociaux depuis le début de la semaine. Une sourde colère perce à travers ces lignes, comme un agacement face aux propos lénifiant d’un premier ministre et au « silence satisfait  » des politiques locaux. A lire ci-dessous.

La Guadeloupe et les guadeloupéens sont empoisonnées au chlordécone par la faute de l’Etat . Et pour l’instant, aucun pardon, aucune réparation.
L’Etat a encaissé 50 millions d’euros avec la vente de notre centrale géothermique à la société Israélo-américaine ORMAT. Société qui en un an a encaissé 6 millions d’euros de bénéfices nets.
A ce jour pas un centime n’a été versé ni à la Région, ni à la commune de Bouillante, alors que les guadeloupéens ont largement financé, pendant 30 ans, cette centrale avec les exonérations d’octroi de mer accordées par la Région à l’ex filiale d’EDF, pour l’importation de biens d’équipements et les pièces détachées. En effet en matière fiscale une exonération est considérée comme une aide.
Cela n’a pas empêché la ministre du transport et de la transition énergétique, en voyage en Guadeloupe, d’oser dire au maire de Bouillante que nous Guadeloupéens ne payons pas l’électricité à son juste prix . Sous entendu, vous avez du culot de demander une redevance.
Pourtant, dans le même temps la commune de Piolenc dans le Vaucluse va louer son lac à l’exploitant de panneaux photovoltaïques flottants, 25 000 euros par an.
Alors qu’en Guadeloupe, les guadeloupéens ont été écartés de l’exploitation de la centrale de Bouillante, la centrale de Piolenc, qui vient d’être inaugurée, a été financée en partie par un financement participatif, ouvert aux personnes ayant une résidence dans le Vaucluse. La mairie de cette commune a également investi dans le projet. L’électricité sera vendue sur le marché et bénéficiera du système public de soutien du complément de rémunération pour garantir un prix minimum à l’électricité qui sera produite. Par ailleurs, l’électricité produite va être revendue au fournisseur alternatif Plüm Energie spécialisé dans l’énergie renouvelable au prix de 62,50 euros le kw/h (grâce au soutien de l’Etat), c’est à dire deux fois moins cher que l’électricité nucléaire qui sera produite par l’EPR de Flamanville…. Deux poids deux mesures.

Et ce n’est pas fini. Le premier ministre , en visite au chantier du CHU à martelé , après la responsable de l’ARS, après le préfet, après le président de la République,…que l’hôpital va être financé à hauteur de 600 millions par l’Etat.
Pourquoi cette insistance ? Il nous semble que la SANTE EST DE LA COMPETENCE EXCLUSIVE DE L’ETAT et que les hôpitaux appartiennent à l’Etat.
C’est aussi faire comme si les Guadeloupéens ne particpaient pas au budget de l’Etat
Sauf contretemps, le chantier du CHU qui a démarré en 2018, va se terminer fin 2022, soit après 5 ans de travaux.
Si on divise l’investissement par tranche d’un an, cela fait un peu plus de 100 millions par an, dont une grande partie va retourner en France, sous forme d’achat de matériels, de biens d’équipements et de TVA.
Rien d’extraordinaire, la Guadeloupe n’est elle pas un département français qui non seulement participe chaque année au budget de l’Etat, mais constitue un marché juteux et captif pour les entreprises françaises !
C’est ainsi que rien que pour l’année 2019, les guadeloupéens vont verser au budget de l’Etat plus de 600 millions entre la TVA, l’Impôt sur le revenu, la taxe sur les alcools, le droit annuel de navigation, le droit de port, les amendes et confiscations. Si on multiplie cette somme par 5, durée du chantier, c’est 3 milliards qui auront été versés par les guadeloupéens dans les caisses de l’Etat. A cela, il faut noter que 55% de nos importations proviennent des entreprises françaises soit plus de 1, 5 milliard par an.
Il serait temps que nos élus regardent les responsables de l’Etat, les yeux dans les yeux et leur disent ces vérités.