2009-2019: un bilan du LKP teinté d’échecs, d’espoir et de lucidité, par Alain Plaisir

Alain Plaisir, président du CIPPA (1), l’un des leaders du LKP (2) en 2009, vient de publier un livre militant sous le titre :  » 2006-2016 du LKP à la géothermie, dix ans de lutte ».
2006, l’année où le mouvement social de 2009 a commencé à germer dans les esprits militants, 2016, l’année où les limites de ce même mouvement social sont clairement apparues puisque rien n’a pu empêcher la vente de la géothermie guadeloupéenne – élément du patrimoine s’il en est – par l’Etat à une société américaine, leader mondial du secteur. Ainsi la  » gwadloup sé tan nou » (3) ne voulait plus dire grand chose, puisque même l’eau bouillante du volcan était vendue au plus offrant, nord-américain, pour une somme modique d’ailleurs, vu la taille des enjeux.
Dans ce livre Alain Plaisir, auteur de plusieurs ouvrages économiques et politiques, revient sur sa vie militante . Il commence par l’arrivée en 1968 d’un jeune guadeloupéen fraichement débarqué à Paris, qui s’engage rapidement dans le mouvement social de contestation de Mai 68 . Des années plus tard ce qui retient l’attention est le récit du mouvement social de 2009 en Guadeloupe, animé par le LKP, dont il a été un acteur privilégié. Le mouvement , son historique, les rapports de forces et son épilogue sont décrits. L’ouvrage apporte un éclairage sur des événements qui ont marqué deux générations de militantes et de militants, en Guadeloupe et ailleurs. On y trouve le récit de l’engagement d’Alain Plaisir pour la revendication d’une pleine et entière souveraineté de la Guadeloupe sur sa ZEE ( zone économique exclusive), le détail de la bataille perdue pour la centrale géothermique de Bouillante, la création en 2009 du CIPPA et les dessous des élections régionales de 2010.
Nous publions quelques extraits de ce livre qui au delà de la personnalité d’Alain Plaisir, de ses engagements, de ses choix que l’on peut partager ou pas, permet de mieux comprendre quelques uns des rouages, des contradictions voire des paradoxes de la vie politique et sociale guadeloupéenne. Par ailleurs, le propos de l’auteur gagne en intérêt parce qu’il n’est pas dans l’invective, ni le ressentiment. Il fait des propositions, convaincu qu’il faut à la fois plus d’autonomie et un contenu économique cohérent pour obtenir un changement en Guadeloupe. Rien ne se fera sans cela. Le statut quo sur lequel paradoxalement une majorité du pays semble s’entendre, n’est plus une solution pour une Guadeloupe qui pourrait à la fois se développer, garder son caractère et ce qui reste de son mode de vie. Sinon, la fuite en avant continuera sur un territoire qui n’a ni l’espace ni la capacité à se mesurer à des continents.
D.L

EXTRAITS

UN TOURNANT DANS UNE VIE MILITANTE
« A partir du Forum social de la Caraïbe, je rentre, progressivement dans une période plus active de ma vie politique, glissement progressif, mais irrésistible vers un retour à la politique. Cependant, ce n’est pas un retour à la politique de mes jeunes années gauchistes où l’idéalisme primait, mais avec une réelle volonté de changer les choses, de contribuer à l’émergence d’un modèle Guadeloupéen. Le socle marxiste est toujours présent, mais je me suis enrichi de mon expérience de la vie, de ma formation professionnelle et de mes nombreuses lectures économiques. C’est ainsi que début 2008, je décide d’écrire un deuxième ouvrage que j’intitule : « Conquête du marché intérieur ».
Ce livre, est inspiré du premier : « Propositions pour le changement » paru en 2000, qui était mon premier ouvrage. Je me demande encore pourquoi et comment j’ai puisé en moi cette volonté d’écrire ce premier ouvrage. Pourquoi l’écrire, pourquoi accepter de faire cet effort, alors que j’ai une activité professionnelle qui occupe, chaque jour, 7 heures de mon temps, alors que j’ai des responsabilités syndicales importantes avec de longs trajets, au moins une fois par semaine entre Basse-Terre et Pointe-à- Pitre, distantes de 55 km. En tout cas, à la parution de Propositions pour le changement, je me suis dit qu’écrire un livre est trop dur et que je ne recommencerai plus. Et pourtant… huit ans après, j’écris « Conquête du Marché Intérieur ». Entre les deux, un livre sur l’octroi de mer et un autre sur la Zone Économique Exclusive de la Guadeloupe Conquête du Marché Intérieur se veut plus explicite que « Propositions pour le changement » et surtout dans Conquête du marché intérieur, je décide de donner un contenu économique au changement de statut juridique de la Guadeloupe. Je propose de sortir du droit commun de la départementalisation pour un statut d’autonomie dans le cadre de la république, comme le permet l’article 74 de la constitution. Ainsi, après avoir analysé les conséquences de la mondialisation capitaliste et fait une critique du système économique en place, je m’étends longuement sur la stratégie à mettre en place.
Je fais des propositions concrètes pour la conquête du marché intérieur, qui me semble la solution la plus viable dans un contexte de libre-échange généralisé que nous impose notre intégration à l’Union Européenne. Je conclus ce livre en affirmant : « Intégrée à 27 pays du continent européen, la Guadeloupe n’a pas les moyens : juridique et politique pour promouvoir un véritable développement économique et social. De par son appartenance à cette union européenne, elle est insérée dans la mondialisation capitaliste. Le libéralisme et le libre échange sont actuellement présentés comme les seuls moyens susceptibles de propulser le développement et de réguler le commerce international. Ce n’est pas plaider pour un protectionniste étroit que de rechercher une alternative à ce libéralisme quand chaque année la balance commerciale de la Guadeloupe se dégrade un peu plus, que la dépendance alimentaire devient préoccupante et que les activités productives disparaissent les unes après les autres. Même si le titre de ce livre, c’est « conquête du marché intérieur », nul ne doit se tromper, c’est à la fois une critique contre l’ordre international imposé par les multinationales et les grandes puissances, la recherche d’une alternative à cet ordre injuste, la démystification des politiques publiques françaises et européennes et enfin un plaidoyer pour une Guadeloupe nouvelle ». Ce livre programme a été bien accueilli par les observateurs et la presse. »

2009: VIE CHÈRE ET POUVOIR D’ACHAT A L’ORIGINE DE LA CRISE SOCIALE EN GUADELOUPE
« Le 20 janvier 2009, commençait en Guadeloupe la première grande révolte guadeloupéenne du XXIème siècle. Cette grève de 44 jours avait pour principal objectif d’arrêter la dégradation du pouvoir d’achat des travailleurs, et des Guadeloupéens en général. Mais, contrairement à ce qui se fait habituellement, les syndicats présents au sein du LKP n’ont pas négocié uniquement sur l’augmentation des bas salaires dans le privé, mais également sur la baisse des prix de produits de première nécessité. Jusqu’à cette mobilisation guadeloupéenne, les syndicats, ici comme ailleurs, négociaient sur l’augmentation des salaires comme seul élément du pouvoir d’achat, bien que les prix constituent l’autre élément pour déterminer le pouvoir d’achat. En 2009, en plus d’une demande d’augmentation de salaires, il était prévu une négociation sur la baisse du prix des carburants, mais aussi sur la baisse de 200 familles de produits de première nécessité. La signature du protocole d’accord du 4 mars 2009 est une première dans l’histoire du syndicalisme. L’augmentation des bas salaires et la baisse des prix des produits de première nécessité traduisaient et traduisent encore une option claire en faveur des plus défavorisé(e)s. »

LA DÉSIGNATION DU PORTE-PAROLE
« La grande histoire retiendra que le LKP n’avait qu’un seul porte-parole. Comme si cela était évident. En réalité, au début de la mobilisation, les choses n’étaient pas aussi simples. Dans un premier temps, les délégués présents avaient désigné trois porte-paroles : Elie DOMOTA de l’UGTG, Jean-Marie NOMERTIN de la CGTG et Alain PLAISIR de la CTU, soit les Secrétaires généraux des trois centrales syndicales qui étaient arrivées en tête aux dernières élections prudhommales. A cause des protestations d’Henri Berthelot de la CFDT qui voulait être le 4ème porte-parole, et pour éviter toute surenchère avec quatre, cinq ou six porte-paroles, il a été décidé qu’il n’y aurait qu’un seul porte-parole, Elie DOMOTA. C’est également aussi que l’Histoire s’écrit à partir de simples détails. Autant la désignation de Domota comme unique porte-parole parut n’est pas aller de soi au début du mouvement, autant elle est devenue évidente début janvier 2009. Il ne faut pas perdre de vue que, d’une manière générale, les Secrétaires généraux de syndicats tiennent énormément à leurs prérogatives. Cela se voit chaque année, lors du 1er mai, où les prises de parole se font par ordre alphabétique des syndicats. De plus, début janvier, Domota, tout récent Secrétaire général de l’UGTG, n’était pas très connu de la population, ni même des médias. »
CE QUI A MANQUÉ 
« En dehors d’une stratégie clairement définie par le LKP, c’est l’absence de la jeunesse dans la mobilisation qui a fait défaut. Contrairement à ce qui s’est passé dans tous les pays du monde et notamment en France en mai 68, mais aussi en mars 1967 en Guadeloupe où les lycéens étaient descendus dans la rue, les jeunes en janvier-février 2009 n’ont mené aucune action spécifique. Pas de mobilisation des étudiants et encore moins des lycéens. Une occupation de l’université par des étudiants aurait sans doute donné « un coup de jeune » à cette mobilisation et permis, au moins aux étudiants, de poser la question de leur avenir. Cette action des jeunes aurait complété et équilibré, ainsi, les revendications qui, pour l’essentiel, concernaient les salariés et leur pouvoir d’achat. »
LA FAILLITE DES ÉLUS
« Un mois après le début du conflit, le 19 février 2009, s’est tenue au Palais de l’Elysée, une réunion entre le président de la République, les présidents des collectivités locales et les parlementaires des départements d’Outre-mer. Au cours de cette réunion, dans une intervention liminaire, Nicolas Sarkozy, président de la République, a clairement affirmé : « Vous savez, j’ai toujours été et je suis partisan d’un modèle de développement endogène qui favorise une plus grande autonomie économique des collectivités locales. Pourquoi ? Parce que je pense que l’autonomie économique est la condition de la fierté d’une population … Je pense que l’autonomie économique est la condition de toute évolution institutionnelle, évolution pour laquelle, je l’ai toujours dit, je n’ai aucun préjugé … ». Au lieu de prendre la balle au bond, Victorin LUREL, président du Conseil régional et Jacques Gillot, président du Conseil général, demandèrent au gouvernement 18 mois pour présenter un projet guadeloupéen. En guise de projet guadeloupéen, les deux présidents se sont évertués, pendant plusieurs mois, à dialoguer avec la population, des différentes options possibles dans le cadre du statut actuel, allant même jusqu’à affirmer que la question statutaire avait été réglée lors des élections régionales du 13 mars 2010. Ce qui est à la fois faux et insultant pour le peuple guadeloupéen. C’est cette impasse politique qui est en grande partie responsable des maux dont la Guadeloupe continue de souffrir. »

LES ÉLECTIONS DE MARS 2010
« Ces élections se situaient un an après le grand mouvement social de 2009 dont j’étais un des animateurs. A l’approche des élections régionales, beaucoup de Guadeloupéens espéraient une liste proposée par le LKP avec toutes celles et ceux qui avaient su élaborer un cahier très riche de revendications et qui avaient animé le mouvement social pendant plusieurs mois. A cette époque, le LKP et son porte-parole jouissaient d’un énorme prestige auprès des masses. Malheureusement, la direction réelle du LKP, c’est-à-dire l’UGTG, ne voulait pas aller aux élections. Impossible de savoir, jusqu’à présent, qu’elles étaient leurs motivations réelles. Devant ce refus, des militants politiques, membres du LKP, ont décidé d’aller aux élections. C’est ainsi que le PCG et l’UGTG se sont rapprochés du député maire des Abymes Éric Jalton et se sont retrouvés sur sa liste. Comme à chaque élection, Combat ouvrier a décidé de présenter une liste avec, comme tête de liste, le secrétaire général de la CGTG Jean-Marie Nomertin, membre également de Combat ouvrier. Devant cette dispersion, la question de la participation du CIPPA se posait. Ainsi, après une assemblée générale des militants et des sympathisants, nous avons décidé, moins de trois mois après la création du CIPPA, de présenter une liste à ces élections. Notre liste «  OSONS pour la Guadeloupe  » était composée d’un noyau d’anciens militants du GRS et de quelques sympathisantes et sympathisants, pour la plupart inconnus du grand public. Il n’y avait aucun élu sur la liste, même pas un conseiller municipal. Évidemment, notre liste n’avait ni clientèle électorale, ni moyens financiers et logistiques. En plus, étant donné le très court délai entre notre prise de décision et la date des élections, c’était vraiment une course contre la montre pour rassembler 43 noms sur une liste avec une parité hommes-femmes. Moi-même, président du CIPPA, c’était la première fois que je me présentais à une élection en tant que tête de liste. Et à quelle élection ! L’élection au Conseil Régional. La plus importante des élections en Guadeloupe. Un mois avant, je n’aurais même pas imaginé me présenter à la moindre élection. N’étant pas un électoraliste, cette idée était bien éloignée de mes préoccupations. Du côté des électeurs, celles et ceux qui étaient les plus critiques vis-àvis des candidats traditionnels se sont réfugiés, comme d’habitude, dans l’abstention. Si l’on peut comprendre l’attitude de citoyens désabusés, qui de guerre lasse, de déception en déception, ne croient plus ni aux élections, ni aux politiciens, que dire de l’attitude de l’UGTG, principale organisation syndicale du pays et principal moteur du mouvement social de 2009. Dans un tract en date du 27 février 2010, soit quelques jours avant le 1er tour des élections régionales de mars 2010, intitulé « On sel manjé cochon », cette organisation syndicale appelle, non seulement appelle à l’abstention mais conduit une campagne active pour l’abstention en distribuant à des milliers d’exemplaires un tract, où les éléments du LKP participant à ces élections sont implicitement désignés comme des traîtres : « et voilà sortant de partout et débouchant de nulle part, jaillissant de toute part et de tous les trous des « compétents » … se présentent à nous, s’invectivent, vocifèrent, braillent à longueur d’antenne : voté pou mwen … j’aime la Guadeloupe … ». Et pour qu’il n’y ait aucun doute sur ceux qui étaient visés, l’UGTG ajoute : « ils déclarent qu’ils ont tous marché avec le LKP, tous chanté « la Gwadloup sé tan nou » … et qu’ils sont ceux qui bougent pour changé la vie an tipéyi annou la sa ». Cette attaque de l’UGTG lui a valu une cinglante réaction de l’UPLG dans un tract en date du 1er mai 2010 dont voici un extrait : « …  La légitimité des urnes ne peut être niée dans un peuple qui l’a depuis longtemps pratiquée et qui reconnait dans les élus une autorité à laquelle il ne manque pas de s’adresser dans un pays où la part de l’économie publique est prépondérante dans l’emploi, dans les subsides, ce que nous condamnons. Les syndicats eux-mêmes, l’UGTG en particulier, participent dans la sphère sociale aux élections prudhommales, aux élections dans les entreprises. C’est là un fait de reconnaissance et de pouvoir qui lui permet de s’élever dans des instances contre le patronat. L’UGTG siège au Comité Économique et Social Régional du fait de sa légitimité syndicale issue des élections et donne son avis au Conseil Régional … ». Le CIPPA partage totalement cette analyse de l’UPLG. Toutes ces voix perdues auraient pu permettre aux listes anticolonialistes d’atteindre au moins la barre des 5 %, leur permettant d’avoir un siège ou deux et d’être remboursées de leurs frais de campagne. En effet qui s’abstient ? Est ce la clientèle électorale des partis traditionnels : PS, GUSR, droite classique ? ou ceux qui sont mécontents de tous ces partis ou encore, ceux, désabusés, qui contestent en parole le >système départemental. On se demande si, au-delà de la posture, ces « révolutionnaires » qui ne vont pas aux élections mais qui ne proposent aucune autre voie pour accéder au pouvoir, ne souhaitent pas, en réalité, la perpétuation du statu quo, à tous les niveaux, pour avoir des motifs de contestation et des raisons d’exister, tout en se faisant admirer par ceux qui ne vont pas au-delà de l’analyse épidermique. »

LA NAISSANCE DU CIPPA
« Pendant que j’écrivais mon livre « Conquête du Marché Intérieur », j’ai éprouvé le besoin de mettre œuvre ce que j’écrivais. Je ne suis pas un écrivain mais un militant politique. Par respect pour toutes celles et tous ceux qui se sont battus, à travers le monde, les armes à la main, par respect pour celles et ceux qui se sont sacrifiés pour des causes nobles, je ne dirai pas que je suis un militant révolutionnaire comme je l’entends quelques fois dans la bouche de certains militants. Je dirai tout simplement que suis un militant qui se bat depuis plusieurs décennies pour la justice sociale et une humanité plus juste et plus solidaire. Je le fais dans le pays où je vis, hier en France, aujourd’hui en Guadeloupe. L’écriture, pour moi, a d’abord pour but d’informer et de contribuer d’une manière théorique, humblement, à la recherche d’une alternative au modèle néocolonial et néo-libéral, dans le pays où je vis.
A mon avis, il ne suffit pas de constater, de dénoncer, de proposer, d’écrire mais il faut agir ! D’où l’initiative de construire un parti politique pour faire émerger l’idée que le statut départemental de la Guadeloupe, qui est plutôt une forme de néocolonialisme, était l’un des principaux freins à un véritable développement économique harmonieux. Ce statut départemental constitue, également, un obstacle à l’émergence d’un nouveau modèle, imaginé par les Guadeloupéens. Cependant, il n’était pas question pour moi de reprendre les analyses, ni les méthodes de tous ceux qui, dans les milieux anticolonialistes, ont mis en avant la question politique sans proposer parallèlement une alternative économique. L’analyse de la situation économique et sociale actuelle m’avait amené à penser que l’état de dépendance de la Guadeloupe, la destruction de ses activités productives, l’importance des transferts sociaux faisaient, qu’avec un minimum d’honnêteté intellectuelle, on pouvait affirmer que l’indépendance n’était pas d’actualité et qu’il fallait, dans le cadre d’une autonomie, récupérer un certain nombre de compétences que détient le pouvoir central pour mettre en œuvre cette nouvelle politique. Cette nouvelle politique économique devant être basée sur la production, l’exploitation des énormes richesses de la mer, les énergies renouvelables et aussi sur un tourisme imaginé par les Guadeloupéens. Il est heureux de constater que, près de 10 ans après cette analyse, les indépendantistes et autonomistes corses, unis après avoir choisi et gagné par la voie électorale, la collectivité unique de Corse, affirment que l’indépendance n’est pas à l’ordre du jour, préférant mettre l’accent, à moyen terme, sur l’autonomie. C’est donc avec l’idée de militer pour l’autonomie et après avoir beaucoup réfléchi sur la situation, à la fois économique, sociale et politique du pays, et armé d’une grande détermination, que je proposais à certains camarades, issus du Groupe Révolution Socialiste (GRS), une rencontre pour discuter de la création de ce parti. Cette réunion eut lieu au mois de juillet 2009 sur les hauteurs de Deshaies. »

 » 2006 – 2016  » du LKP à la géothermie, 10 ans de lutte ». par Alain Plaisir.
prix 20 euros.

NDLR
(1) CIPPA : Comité d’initiative pour un projet politique alternatif
(2) Lyannaj kont pwofitasyon du créole peut se traduire en français par Collectif contre l’exploitation outrancière des personnes et des ressources. La notion de  » pwofitasyon » est associée aux abus liés à des positions de monopoles et d’exclusivité dont on peut imaginer les effets sur un territoire insulaire.

En 2009 durant 44 jours un mouvement social LKP porté par une quarantaine d’organisations associatives, syndicales et politiques a secoué l’archipel. Certains font aujourd’hui un rapprochement avec le mouvement des gilets jaunes puisque la hausse des prix, la baisse du pouvoir d’achat pour les plus modestes et un creusement des écarts de revenus sont à l’origine du mouvement. Dix ans après, on peut dire que beaucoup de promesses ont été faite pour sortir de la grève mais qu’il en reste peu de choses. La vie et la  » pwofitasyon » ont repris leur cours.

(3) La gwadloup sé an nou …. sé pa ta yo : fut l’un des chants/slogans emblématiques de 2009 qui signifie : « la Guadeloupe c’est à nous, ce n’est pas à eux« . Le « yo » – eux – se prête à plusieurs interprétation : « eux » pourraient être les non guadeloupéens, les  » métros » et plus largement tous ceux qui viennent d’ailleurs et s’implantent ou se sont implantés dans l’archipel, bref rejet des « étrangers hors sol »; ou bien le « yo » désignent ceux qui profitent d’une situation de monopole qui en abusent pour s’enrichir encore plus, le yo désignerait alors les descendants des colons békés qui contrôlent l’essentiel de l’économie insulaire en Guadeloupe et encore plus en Martinique. D’autres interprétations du  » yo » sont sans doute possible, ce qui n’a pas empêché de vendre à un  » yo » la centrale géothermique de Bouillante.

Auteur/autrice : perspektives

Didier Levreau, créateur en 2010 du site Perspektives, 10 ans d'existence à ce jour

Une réflexion sur « 2009-2019: un bilan du LKP teinté d’échecs, d’espoir et de lucidité, par Alain Plaisir »

  1. Bon, l’analyse d’Alain Plaisir est intéressante, de bon sens et de la logique, un territoire de 400 000 habitants cerné par les eaux, ne peut pas vivre sur le modèle d’un continent qui a de l’espace et des centaines de millions d’habitants. Les dégats causés sur le continent – ils existent – sont décuplés dans une petit île. Mais qui écoute Alan Plaisir, en Guadeloupe. Une majorité de la population comme vous dites est captée par la consommation, le modèle américain, la malbouffe, il n’y a qu’à voir les dégats faits par l’obésité. Au-delà des statistiques et des alertes de santé publique, il suffit de se promener dans les rues pour voir l’obésité partout. Vous parlez de fuite en avant, oui, mais comment la ralentir … et je ne dis pas la stopper !

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