Sport, mer, océan, business, mémoire … le mélange des genres

Comme chaque mois de novembre tous les quatre ans, depuis 40 ans, la Guadeloupe est sous l’oeil des médias avec l’arrivée de la Route du Rhum. Une course unique au monde , peut-on lire dans le supplément du Figaro consacré à l’évènement, dont l’éditorialiste poursuit : «  Avec Saint-Malo, une ville de départ mythique chargée d’histoire et la Guadeloupe, une île d’arrivée aux paysages et aux parfums exotiques … » Ne manquent que les doudous, la plage et les cocotiers. Tout est dit de ce qui agace si souvent les Guadeloupéens, ceux qui voient dans leur archipel autre chose qu’une terre  » exotique ». Exotique pour qui ?
Cette année l’arrivée des bateaux est tracée devant le Mémorial Act, un autre symbole qui contredit pas mal l’éditorialiste cité plus haut: la Guadeloupe autant que Saint-Malo est chargée d’histoire et ajoutons que les traditions bretonnes peuvent paraître bien exotiques à un habitant des Grands Fonds de Saint-Anne en Grande Terre.
On ne va pas bouder la performance sportive. Francis Joyon, 62 ans « marin d’un autre âge, nous dit le journal Le Monde, qui a débuté dans la vie comme charpentier de marine et aurait été, s’il n’avait lu les livres de Bernard Moitessier, éleveur de lapins ou tailleurs de pierre …  » a réalisé sur son  » vieux bateaux » une traversée toute en force et en sagesse qui l’a mené à la victoire. Bravo à ce marin, par ailleurs sensible et parait-il intarissable sur les questions environnementales et énergétiques. Son avis sur le chlordécone pourrait être intéressant.
Faut-il rappeler que 1978, l’année de la première Route du Rhum et de la belle victoire de Mike Birch, était aussi l’une de ces années ( 1970/1980) durant desquelles les terres agricoles en Guadeloupe étaient très discrètement et copieusement polluées au chlordécone et le sont encore aujourd’hui, avec les conséquences que l’on connait.
La victoire était si belle qu’elle a masqué les pesticides.
La Route du Rhum étant associé cette année au Mémorial Act, nous publions une « visite-guidée » critique de l’exposition permanente signée Freddie à lire ci-dessous. Ce Mémorial est un compromis, nous dit Freddie, et sur un sujet aussi sensible que la mémoire de l’esclavage, ce compromis soulève des questions. C’est à lire.

Une réflexion sur « Sport, mer, océan, business, mémoire … le mélange des genres »

  1. Depuis le début de la route du Rhum le décalage est immense entre les préoccupation de l’archipel et cette course. Comme vous dites, cela n’enlève rien à la performance sportive, Mike Birch, Florence Artaud, Joyon etc … ne portent pas sur eux toute la peine de la douloureuse histoire de ces îles de la Caraïbe, mais ces clichés exotiques qui perdurent … font plus que m’agacer !
    Les Guadeloupéens ne se sont jamais vraiment appropriés cette course, les médias, les plans com et les institutions font le travail pour développer un discours favorisant le tourisme, mais la population dans sa majorité n’est pas vraiment concernée. C’est mon avis et mon sentiment en tant que guadeloupéenne.

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