Gwad’Amap, pour une autre façon de se nourrir et de consommer en Guadeloupe

L’archipel guadeloupéen pourrait être l’espace idéal pour un art de vivre décalé des grands circuits de consommation, soucieux de santé publique et d’environnement.La réalité en est loin en matière d’alimentation et d’agriculture. A l’initiative de l’association Gwad’Amap un film de quelques minutes tourne sur Youtube, allez voir : https://www.youtube.com/watch?v=htAK XcqoJ4 Les associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap) militent pour rapprocher les producteurs des consommateurs et favoriser les cultures vivrières et saisonnières de proximité. Le réseau se développe depuis plusieurs années dans les départements de l’Hexagone , depuis quatre ans une poignée de militants font vivre une amap en Guadeloupe. Le principe repose sur la relation entre producteurs et consommateurs. Ces derniers s’engagent à  acheter chaque semaine un  » panier » de produits de saison sur une période de plusieurs mois. Ce système assure – lorsqu’il fonctionne – un revenu régulier au producteur et une assurance de qualité et d’origine des produits au consommateur qui devient acteur d’une économiqe solidaire, contribue à  préserver la biodiversité et, ce qui n’est pas négligeable, se nourrit mieux en mangeant des produits frais issus de l’agricultre locale.

Des Ampap fonctionnent depuis plusieurs années avec succés autour de grandes agglomérations de la France hexagonale, tenter d’en implanter en Guadeloupe, sur un territoire qui, malgré le volume écrasant des importations de produits alimentaires, a conservé un caractère rural,ne semble pas absurde. D’autant que parmi les maux dont souffre l’île figurent l’abus de pesticides et la pression excessive des monocultures d’exportation. Les deux étant liés.

Les producteurs de Gwad’Amap vendent tous les lundis de 18h à  20h , à  la Jaille, sur un espace du club hippique de la Martingale.  » Pour ce qui est des adhérents, certains sont fidèles. D’autres moins. Il y a un turn over important en Guadeloupe d’une manière générale », explique un responsable de Gwad’Amap.  » Il est clair que la consommation au sein d’une amap ne convient pas à  tout le monde. Mais le nombre de paniers que nous livrons est en constante augmentation et s’ajuste assez bien à  nos capacités de production. Pour l’instant notre facteur limitant ce trouve plutôt du côté de l’offre que de la demande… »

Cette amap fonctionne en auto-gestion, grâce à  une quinzaine d’adhérents qui assurent non seulement le fonctionnement de l’amap en tant que circuit de distribution mais aussi en tant que collectif citoyen avec par exemple l’organisation d’un ciné débat mensuel, la volonté de créer un SEL, etc.

« Le consomm’acteur peut changer notre île et créer les conditions d’un partenariat honnête »

« En Guadeloupe, les monocultures d’exportation (banane, canne, melon …) captent une part exorbitante des aides techniques et financières et asphyxient l’émergence d’une agriculture au service de tous les guadeloupéens. » En quelques minutes et en quelques images chocs c’est ce constat que tente détablir et dénoncer le petit film qui tourne sur Youtube. Il n’est pas facile, en Guadeloupe, de faire passer l’idée que les cultures intensives de la canne et de la banane qui durant des années ont fourni des emplois et fait vivre des familles, ont un revers de la médaille. Ce revers est la monopolisation des terres, la captation de l’essentiel des financements publics par les gros producteurs, l’appauvrissement des sols et la pollution de la terre et de l’eau dues à  l’excés de pesticides. Le plus visible étant l’affaire non achevée du chlordécone.

 » Il existe beaucoup d’ obstacles en Guadeloupe au développement d’une agriculture vivrière respectueuse de notre territoire et des Hommes qui y vivent, constate Didier, l’un des animateur de l’Amap, « désintérêt par rapport au métier de paysan, terres en friche (dont la mise en culture est souvent bloquée par des situations d’indivisions), grignotage du foncier agricole par l’urbanisation, et bien d’autres encore. Si nous soutenons les petits planteurs qui ne souhaitent que vivre décemment de leur métier, nous ne pouvons ignorer les effets de la monoculture intensive à  des fins d’exportation de la banane. Nous pensons, comme certains d’entre vous, qu’il est temps d’agir ! Et nous pensons également que c’est le citoyen, le consommateur devenu consomm’acteur qui peut changer notre île, notre monde. Ensemble il faut créer les conditions d’un partenariat honnête et durable entre consommateurs et producteurs par le développement de circuits de vente directe.  »

Que dit le film de Gwad’Amap ? En quelques images chocs que les cultures intensives de la banane et de la canne polluent la terre et nuisent à  la santé des Guadeloupéens; qu’une agriculture vivrière dynamique serait créatrice d’emploi bien plus que les grandes monocultures; que l’essentiel des aides financières et techniques publiques vont aux cultures intensives et que les petits producteurs qui désirent s’installer sont peu aidés.

Toute une logique à  revoir en somme pour faire de la Guadeloupe un territoire innovant et non pas un territoire qui s’enfonce dans le déni et la pollution.

Le lien pour accéder au film :

https://www.youtube.com/watch?v=htAK_XcqoJ4

Auteur/autrice : perspektives

Didier Levreau, créateur en 2010 du site Perspektives, 10 ans d'existence à ce jour