Le scandale de l’eau en Guadeloupe

Les coupures d’eau dans les communes de la Guadeloupe sont récurrentes. Dans un pays o๠l’eau, pourtant, ne manque pas. Ces coupures sont le résultat d’une gestion défaillante, d’un manque de prévision dans les investissements et d’un écrasant silence même de la part des consommateurs qui ont payé des factures pour un service défaillant. Alain Plaisir donne un point de vue. Avec la saison des pluies, l’eau coule à  nouveau dans les robinets … jusqu’à  la prochaine saison sèche.

Profitant de cette accalmie, les élus sont déjà  passés à  autre chose. Pourtant plus que jamais le problème de l’eau est d’une cruelle actualité. Les Guadeloupéens reçoivent actuellement dans leur boites aux lettres des factures pour payer leur consommation d’eau ( quelques fois des sommes astronomiques) pour ne pas se voir couper l’eau.

Contrairement à  de nombreux éléments de notre quotidien, l’eau est inestimable. Si le code civil (art 714) suggère que l’eau n’appartient à  personne ( à  nul individu et à  fortiori encore moins aux multinatiobales), c’est pour garantir que chacun, sans exception aucune, y ait accés. L’eau à  l’état naturel doit rester gratuite, ce qu’il est permis de monnayer c’est la conduite, le traitement, l’approvisionnement, un point c’est tout.

L’eau, un bien commun devenu source d’enrichissement

En Guadeloupe, la population et particulièremet les personnes de conditions modestes sont victime d’une sorte de violence sociale de la part de ceux et celles qui sont sensés les défendre. En considérant l’eau comme une marchandise alors qu’il s’agit d’un bien commun, les élus des communautés d’agglomération, les conseillers régioaux mais aussi les députés exercent une forme d’agression contre les consommateurs. Afin que les choses soient claires examinons une facture dans le détail.

– Il y a l’abonnement Eau et la consommation en deux tranches. Même si on peut touours exiger un meilleur service public, on peut considérer qu’en l’absence d’éléments sur la formation du prix de l’eau, c’est le prix à  payer pour la conduite et la distribution.

– Ce qui n’est pas le cas de la TVA à  2,10% sur l’eau. Est-il juste de payer cette TVA ? La réponse pour le Cippa est non. Pourquoi faut-il payer la TVA sur l’eau alors que de nombreuses marchandises, non essentielles, comme le matériel pour équipements d’hôtel, les pièces de moteur des voitures et des milliers d’autres sont exonérées dans les DOM.

– Ni l’octroi de mer interne, c’est à  dire celui sur la production locale qui est de 1%. Est-il juste de payer cet octroi ? Là  aussi, la réponse est non. Ne dit-on pas que l’eau doit payer l’eau; en l’occurence cette taxe ne paie pas l’eau, mas va au budget de la région.

– Et encore moins la redevance pollution. Au Cippa nous affirmons que les pollueurs doivent être les payeurs. Il est inadmissible que les victimes de la pollution paient une deuxième fois alors que ceux qui ont pollués le sol de la Guadeloupe au chlordécone, coulent des jours heureux. Les consommateurs de la Guadeloupe ne doivent pas payer cette redevance, que l’on fasse payer les pollueurs et l’Etat qui s’est rendu complice en autorisant l’usage de pesticides.

Ces sommes à  payer en plus sont loin d’être négligeables, puisqu’elle représentent environ 20% du montant de la facture.

Le droit à  l’eau est un droit fondamental reconnu par l’Assemblée des Nations Unies en 2010. Tout individu doit pouvoir accéder à  l’eau potable dans des conditions acceptables par tous. C’est pour cette raison que le Cippa s’oppose à  toutes coupures d’eau en cas d’impayés pour les familles en difficultés financières.

Auteur/autrice : perspektives

Didier Levreau, créateur en 2010 du site Perspektives, 10 ans d'existence à ce jour